Il y en a eu des artistes aux Abattoirs. Il y en a eu des belles expositions. Celle-là est de celles qu’il ne faut pas rater. On a vu l’expo « Picasso et l’exil. Une histoire de l’art espagnol en résistance », et on vous recommande d’aller y faire un tour. En voisin curieux ou en connaisseur passionné.
Depuis sa création en l’an 2000, le musée des Abattoirs en a hébergé des expositions ; toutes plus intrigantes les unes que les autres. Cette fois, c’est un des grands maîtres de la peinture contemporaine qui est à voir sous un autre angle. C’est Picasso l’espagnol, Picasso le militant, Picasso le républicain, mais aussi Picasso l’homme blessé. Pablo Picasso victime de l’histoire comme bien d’autres en même temps que lui. Et à travers cette exposition c’est aussi un hommage à Toulouse et à ses habitants qui est rendu.
L’Espagne pousse sa corne
Une expo majestueuse, sur deux étages ; qui nous amène à découvrir le parcours intime du peintre. Une intimité jusque-là peu explorée. Une intimité qu’on perçoit comme torturée par l’Histoire, et source de créativité. Créativité foisonnante qui est parfaitement bien représentée ici aux Abattoirs. On se laisse porter par ce lien fort entre art et histoire. Rarement un artiste a su aussi bien représenter son temps. C’est Guernica évidemment qui nous parle le plus. Guernica dont on peut voir quelques fragments reproduits dans cette expo toulousaine, mais dont l’original est exposé, et bien protégé, au Musée Reina Sofia à Madrid.
Guernica, peint en 1937, en noir et blanc ; pour dire l’horreur du bombardement de la ville du même nom tombée sous les bombes de l’aviation franquiste, un a après le début de la guerre civile.
Exil et résistance
Une guerre civile qui poussera des centaines de milliers d’espagnols à s’exiler. On évalue leur nombre à au moins 500 000, dont beaucoup sont venus s’installer à Toulouse. Picasso en faisait partie. Lui s’est installé à Paris. Et cet exil forcé à renforcé ses convictions politiques et son engagement dans la résistance au franquisme en particulier, et au fascisme en général. C’est cette histoire-là que l’on voit émerger tout au long de l’exposition présentée aux Abattoirs. L’histoire de milliers d’hommes et de femmes fuyant la guerre puis la dictature. Mais aussi celle de dizaines d’artistes marqués par leur temps et que Pablo Picasso a côtoyé. Preuve d’une résistance également culturelle et artistique extrêmement forte. Aussi quelques œuvres de Carles Fontsère, Luis Fernandez, Manuel Angeles Ortiz, et même Joan Miro ; sont-elles exposées aux côtés de celles de Picasso dans les allées de ce musée phare de Saint-Cyprien, qui décidément n’en finit pas de nous surprendre.
Texte by Milia Legasa
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