La porte de la crèmerie « Les Biquettes » s’ouvre toujours sur un grand sourire, celui de la patronne, Colombe, une trentenaire aux yeux clairs et au tablier rouge.
Ancienne responsable RH dans une grosse boîte d’informatique, elle a décidé de tout plaquer pour s’adonner à sa passion : le fromage. Après avoir tenu une petite épicerie française en Irlande, elle est rentrée en France pour se former chez un fromager toulousain.
Dynamique et enjouée, Colombe vous explique d’une jolie voix rauque les mérites respectifs du Saint-Nectaire et du parmesan. Le nom de sa boutique est trompeur : vous y trouverez non seulement des fromages de chèvre, mais aussi de vache et de brebis. Triés sur le volet et principalement au lait cru, ils proviennent de toutes les régions françaises et d’Italie. Ici, on privilégie au maximum les petits producteurs. Et ce que préfère Colombe, c’est mettre la main à la pâte : elle relave elle-même les époisses (au marc de Bourgogne), les maroilles (à la bière) et les Mont d’Or (au vin blanc). Son produit phare, c’est elle qui le fabrique : du brie fourré aux raisins et aux amandes. « C’est un peu la drogue légale du quartier », s’amuse-t-elle.
Les Biquettes proposent également des produits d’épicerie (charcuterie, gâteaux, miel, confitures, vin, spiritueux, bière, champagne), des sandwichs préparés à la demande (9 achetés = le 10e gratuit) – et du pain : la baguette tradition de chez Thierry Serres (place du Ravelin), fabriquée avec de la farine traditionnelle du moulin de Montricoux, en activité depuis plus de 1.000 ans.
Rien de meilleur qu’une dégustation de fromages sur place, avec vue sur la Grave. Colombe aime l’ambiance qui règne ici : « Tout le monde parle avec tout le monde, on a créé des couples, des gens ont trouvé du boulot. C’est un lieu de rencontre – et c’est encore mieux autour d’un petit morceau de Saint-Nectaire.” Avec un peu de chance, vous croiserez peut-être dans la boutique la petite mamie de 80 ans qui passe faire des achats presque tous les jours – ou “le client chiant du mardi matin”, qui vient désormais le vendredi parce qu’il a eu vent de son surnom. Une chose est sûre : on est bien loin des fromageries classiques et ça fait du bien.
Photo by Studio le Carré
Texte by Jonathan Lagier
Site Le Meilleur Quartier by Agence Novo