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Le Rouge et Noir

La déco inimitable de ce bar n’a d’égal que le caractère des patrons. Ici, vous trouverez des supporters du Stade 100% pur jus, comme on en fait (presque) plus, mais vous rencontrerez aussi un homme et une femme très, très, hauts en couleurs. Michel et Huguette, pour vous servir.

Leur bar, ce monument

Ne cherchez pas dans le nom du bar une quelconque référence à une œuvre majestueuse de la littérature. Quoi que ce soit bien la passion qui les anime, Michel et Huguette n’ont pas donné ce nom à leur établissement en hommage à Stendhal, mais bien parce qu’ils sont fans du Stade. Elle plus que lui, même, semble-t-il. Lui, il a toujours aimé le rugby, elle a toujours aimé le Stade. Nuance. Nuance qui a son importance. Le patron du bar c’est lui. La patronne du club de supporters c’est elle ; et elle n’est pas peu fière. Huguette a été la première femme présidente d’un club aussi important en France. Elle l’est toujours, et elle met un point d’honneur à ne s’entourer que de femmes pour mener à bien sa petite entreprise. Abonnements, soirée privés, interviews post matchs, rien n’a de secret pour elle ; et c’est du boulot à temps plein pour cette femme qui s’octroie néanmoins un peu de temps à passer avec son petit fils. Marius, auquel « elle tient comme à la prunelle de ses yeux » précise Michel. Marius, 3 ans, que vous ne serez pas étonné de voir déambuler entre les tabourets de bar, sous les posters des joueurs du stade, une menthe à l’eau à la main.

Des figures du quartier

Grands parents, gérants de bar, présidents de club ; ça n’y parait pas, mais Michel et Huguette sont bel et bien à la retraite. Une retraite active, certes, mais une retraite quand-même. Un quotidien bien rempli, et bien sympathique. Une vie de quartier, des amis aussi, auxquels ils tiennent. Comme Sarah, la gérante de Terra Mair, juste à côté de leur bar, avec qui Huguette aime bien « papoter », comme elle dit, le matin.

Et malgré la retraite, pas question de quitter Le Rouge et Noir, pas encore, pas tout de suite. Ce serait comme quitter tout un pan de leur vie, de leur rencontre à la naissance de leurs petits-enfants (ils en ont six à eux deux aujourd’hui !). Les plus belles années peut-être. Celles qui les ont fait devenir ce qu’ils sont aujourd’hui. Des figures du quartier, des incontournables.

Qui plus est, c’est ici que Michel et Huguette se sont rencontrés, en 2001.

Il avait racheté ce bar laissé à l’abandon depuis deux ans en 1994, la première année fut compliquée. La seconde, marquée par une grande décision : celle de fonder Rugby Association. On est en 1995, Michel ne sait pas encore qu’il est en train de faire ses premiers pas vers Huguette. C’est elle qui franchira la porte du bar en 2001.  Elle venait pour le rugby, elle est restée pour le bonhomme.

Aujourd’hui, s’ils sont indissociables et s’ils donnent l’impression d’être nés dans ce bar et d’y être depuis une éternité ; en réalité, Michel et Huguette ont eu une vie avant. Une vie bien remplie.

Son pays à elle c’est l’Ovalie

Huguette était infirmière. Les horaires décalées, les astreintes, les nuits, elle a connu. Cette bigourdane d’origine a même fait toute sa carrière à l’hôpital de Rangueil, excepté trois petites années, de 1974 à 1977, qu’elle a vécu à Paris. Elle a été mariée, à un autre homme, a élevé ses deux enfants et a toujours trouvé du temps pour s’intéresser au rugby.

Il faut dire que chez elle, le rugby c’est une religion. Elle a grandi entre Tarbes, Lourdes, et Bagnères. Pas un dimanche sans match, pas une réunion de famille sans une allusion au ballon ovale, pas un oncle, un père, un cousin qui ne fasse du rugby. Elle est tombée dedans quand elle était petite Huguette et elle a les yeux qui brillent quand elle en parle ; même si, elle l’affirme : « le professionnalisme a tout bouffé, le pognon bouffe tout de toute façon » dit-elle.

Lui, son territoire, c’est son comptoir… et son histoire

Michel, lui aussi a eu une vie bien active avant de devenir un incontournable du quartier Saint Cyprien. Enfant, il a grandi en Algérie, à Oran. Arrivé en France à l’âge de dix ans, il avoue, sereinement, qu’il a perdu le luxe et le confort dans cet exil forcé ; mais aussi et surtout, qu’il a vu pleurer sa mère, beaucoup, et que c’était ça, le pire.

Puis il s’est marié, et a eu ; lui aussi, deux enfants. Pendant des années, Michel a été commercial dans les produits chimiques « j’empoisonnais la terre entière », dit-il, pas forcément fier mais il fallait bien travailler. Au bout de quelques années, c’est la route qu’il l’a épuisé. « Mes enfants avaient besoin de moi » explique-il, et il avait besoin de se poser, de faire autre chose. Quand il abandonne son poste de commercial, il ne sait pas encore que son chemin passera par la rue du Pont Saint Pierre. Il laisse les beaux hôtels sur les routes, et les déjeuners d’affaire, pour des petits boulots en tant que serveur ; et un beau jour tombe sur ce lieu, qu’un brasseur lui présente et qui deviendra le sien. Son territoire.

Un lieu qui verra passer des générations de rugbymen, des familles entières de supporters toulousains, des couples amoureux du ballon ovale, et des fans du stade tout autant que des fans de Michel et Huguette.

Le Rouge et Noir, une institution.

 

Photo by Studio le Carré
Texte : Milia Legasa
Site by Agence Novo

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Adresse

3 Rue du Pont Saint-Pierre, 31300 Toulouse

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