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« Encore Pilates », par Laurence Falgarona

Un port altier, le geste franc mais doux, le regard perçant : le Pilates, Laurence Falgarona semble l’avoir dans la peau. Elle ne dira pas le contraire, et pourtant, elle en a mis du temps à se rendre pleinement à l’évidence, et à ouvrir son studio de Pilates à elle, dans un petit coin de Saint-Cyprien.

Un petit coin de paradis même devrait-on dire. Son studio est situé au bout de la rue Saint-Nicolas, juste en face du café de Toulouse. Là où elle nous « reçoit », autour d’un café, en terrasse, comme dans son salon. « J’y viens souvent, forcément, explique-t-elle, c’est juste en face ». C’est juste en face et c’est sans doute l’un des plus beaux cafés de Toulouse, comme Saint-Cyprien définitivement à ses yeux le meilleur quartier possible. « Une vraie pépite » affirme Laurence Falgarona, qui n’est pas arrivée là par hasard. Vraiment pas. Ce quartier elle l’a choisi, elle qui aurait pu dévorer le monde.

Un CV à faire pâlir les business men

Elle a en effet un CV à faire blêmir bons nombres d’hommes d’affaire, mais aussi deux enfants, un mari qui l’a toujours soutenue. Autrement dit : si elle en est là, ici et maintenant, ce n’est certainement pas par dépit. Ce chemin c’est elle qui l’a pris. Elle aurait pu en prendre beaucoup d’autres, mais c’est celui là qu’elle a décidé de prendre. Celui du bien-être. Le sien et celui des autres. Celui du corps, du soin du corps et de l’attention portée à soi-même. C’est une philosophie, mais ça n’a pas toujours été facile de l’assumer. Avant de poser son tapis et ses chaussons dans ce studio, Laurence a travaillé dans les plus grandes sociétés du CAC40. Elle travaillait dans le « management de projet ». Il lui est arrivé de gérer jusqu’à 80 personnes. Elle était pointue, compétente, précise dans ce qu’elle faisait. Comme elle l’est aujourd’hui dans son activité de prof de Pilates ; mais certainement lui manquait-il quelque chose. Quelque chose de l’ordre du sens… du sens à donner à tout ça.

De Paris à New York en mode working girl

C’est même à Perpignan qu’on devrait aller si on devait remonter le fil de son histoire. La ville où elle est née. Le sud, l’Occitanie, où elle a passé son enfance et son adolescence, avant de décrocher un aller simple pour la capitale par le biais d’une école de commerce. Brillante ; elle suivra le cursus imposé sans trop se poser de question. De stage en stage et de petite expérience en vraie mission, elle gravit vite les échelons d’un monde où elle excelle, mais qui lui semble sans saveur. Son exutoire : la danse, puis petit à petit le Pilates. Qu’elle découvre et qu’elle apprécie. « C’était à mes yeux une discipline corporelle aussi exigeante que la danse et j’ai eu envie de m’y intéresser », sans plus au début, trop occupée qu’elle était par sa vie parisienne. Une vie qu’elle décide d’ailleurs de quitter au bout de 10 ans. Le déclic : un voyage en Croatie « on s’est dit qu’il fallait qu’on bouge, qu’on sorte de la grisaille et de la routine parisienne ; et sans trop se poser de questions, on a choisi Toulouse ».

Les voilà partis, en 2007, elle et son mari – qui n’est autre que le gérant de la librairie l’Autre Rive – pour la ville rose. Direction Rangueil dans un premier temps. Le temps de chercher un endroit qui leur convienne. Le coup de cœur aura lieu, pour Saint-Cyprien. Le couple s’y installe, et y donne même naissance à deux enfants.

La grosse pomme leur tendait les bras

Seulement voilà, la vie est pleine de surprises ; et c’est à la faveur d’une petite annonce que la leur a basculée. L’ambassade de France à New York cherchait un libraire pour ouvrir la seule et unique librairie francophone du territoire américain. Ils sont tentés, et ils tentent. « Si je postule je te préviens je vais l’avoir ce poste » lui assure son homme. Il l’a eu. Laurence, passionnée par la langue anglaise, est aux anges. Là-bas elle trouve du travail. Un « travail alimentaire » explique-t-elle… à un détail près : l’alimentaire pour Laurence Falgarona, c’était travailler sur la 42e avenue à New au Crédit Agricole ou chez Moody’s. Autant vous dire qu’elle l’a connue la vie new-yorkaise. « On n’était pas expatriés, on avait un contrat local et ça nous a donné une certaine liberté » affirme-t-elle ; mais aussi un peu moins de sécurité sur place.

C’est à ce moment là que la mue s’est effectuée. Approchant la quarantaine, compétente comme jamais professionnellement, mais toujours en quête de sens, Laurence décide de donner des cours de Pilates. « Pour le plaisir au départ » dit-elle, mais le succès est au rendez-vous ; suffisamment pour que l’idée d’en faire réellement son métier germe dans son esprit. Doucement mais surement. Le temps de rentrer en France. A Toulouse, bien sûr, après trois ans passés à New York. Le temps de retrouver leur pénates, et très vite d’en être persuadée : ce sera ce projet-là.

Laurence entame alors une formation exigeante, sur plusieurs mois ; puis ouvre son studio, en janvier 2017, et depuis ; mène sa petite entreprise avec succès, avec plaisir, et surtout avec le sentiment de se sentir « utile, c’était ce qui me manquait » souligne-t-elle. Sa plus grande fierté ? « Voir mes clients se redresser au fur et à mesure des séances » répond-elle sans appel. Tout est dans la posture.

 

Photo by Studio le Carré
Texte : Milia Legasa
Site by Agence Novo

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