Le mouvement s’essouffle-t-il ? le bilan de demain nous le dira. En attendant, une nouvelle journée de manifestation s’annonce et pour les habitants et commerçants de Saint-Cyprien, l’heure est à la prévention. Certains commerçants vandalisés, notamment avenue Etienne Billières, n’ont eu d’autres choix que de remplacer leurs vitrines par des panneaux de bois. D’autres, échaudés, ont déjà prévu de fermer si les choses se compliques.
Les grands axes plus exposés
Les plus exposées sont ceux situés sur les grands axes : la rue de la République, la Place Intérieure Saint-Cyprien, la Place Olivier, la Place de l’Estrapade, Les allées Charles de Fitte, les avenues Etienne Billières et Maurice Sarraut. Au détours de ces axes, les habitants et commerçants des places Olivier et Estrapade devront également se prémunir d’éventuels désagréments.
Bonnes pratiques pour les commerçants
Même si la mairie prévoit un ramassage préventif aujourd’hui, les commerçants sont conscients que les incendiaires déguisés en gilets jaunes raffolent des palettes en bois, des cartons d’emballage, sans parler des containers de poubelles. Il est vrai que les commerçants ont pour habitude de laisser leurs déchets, devant leur devanture à la fermeture, car un ramassage se fait chaque semaine dans la nuit de samedi à dimanche. Pour ce soir, nul doute que nos commerçants changeront leurs habitudes. Le mobilier de terrasse, lui aussi, est une cible pour les constructeurs de barricades. Les attacher (pratique déjà largement adoptée contre le vol) ou les rentrer sont la meilleur attitude à adopter. Sachant que, pour ne citer qu’un seul exemple, une agence immobilière avenue Maurice Saurraut, a été cassée et vidée de tout ce qui pouvait servir de projectile ou de barricade, c’est à dire absolument tout, chaises, bureaux, fauteuils, tables, matériel informatique…
Bonnes pratiques pour les habitants
Pour les habitants certaines mesures à observer, sont de l’ordre du bon sens, à commencer par rentrer (ou ne pas sortir), eux aussi, leurs containers poubelles. Au-delà du fait que nos poubelles ne sont pas censées être dehors avant 20h, il semble évident que ce soir n’est pas le bon soir pour les sortir. Ces containers en plastique très inflammable sont un combustible idéal pour les casseurs, incendiaires et autres artisans de la barricade. Autre matière première très prisée, les matelas, meubles et autres canapés abandonnés sur les trottoirs, dont il faudra éviter de se débarrasser ce soir.
Précautions pour les passants
Là aussi on ne vous apprend rien : rester à l’écart des zones de confrontation pour éviter les mauvais coups. Il est toujours possible de circuler dans le quartier en contournant les échauffourées. Rester chez soi, c’est ce qui est conseillé, mais difficile lorsqu’il faut récupérer les enfant au sport, faire quelques courses… En toute circonstance, la prudence et le bon sens seront vos meilleurs alliés. Sachez, si l’on tient compte des blessures répertoriées, que les risques à trop s’approcher, sont d’être gazé, blessé dans une bousculade lors d’un mouvement de foule, d’être pris pour un manifestant et d’être malmené par les forces de l’ordre, de recevoir une balle de flash-ball… Et surtout, ne ramassez rien au sol (risque de grenade). Si vous vous faites surprendre, pensez qu’il y a de part et d’autre, des jets de projectiles, rasez les murs et protégez votre tête, et rentrez dans un commerce pour vous abriter ou prenez la tangente par la première rue perpendiculaire au mouvements. Pour les photographes amateurs, attention également, ceux qui possèdent du matériel professionnel peuvent être pris pour des journalistes qui ne sont pas en odeur de sainteté côté manifestants. Le brassard presse est d’ailleurs peu utilisé par les reporteurs car s’il protège des forces de l’ordre, il expose aux représailles de certains manifestants qui désapprouvent la manière dont certains titres de presse ont traité l’info ces dernières semaines.
Si vous voyez une vieille dame esseulée, un passant avec une poussette, que vous soyez manifestant ou simple passant, venez-leur en aide et accompagnez-les dans un commerce ou la première rue adjacente qui se présente pour sortir du flux des manifestants.
Le commerce de proximité mis à mal
Les galeries marchandes en extérieur de ville et les sites de e-commerces sont favorisés par le mouvement qui crée une désertification des commerces de centre-ville. Depuis 5 semaines, en pleine période de Noël, ces manifestations nuisent au commerce de proximité, empêchant les habitants de faire leur achats en ville, et faisant les choux gras des grands groupes de centre commerciaux ou de vente en ligne, reflet du capitalisme galopant que ce mouvement croit combattre. Certes, le centre de logistique d’Amazone est bloqué par des gilets jaunes, mais n’est-ce pas stérile lorsque l’on sait que les commandes des internautes, elles, n’arrivent pas en camion mais par connexion internet ? Lorsque que la commande est passée, Amazone a encaissé. Et bloquer les camions de livraison à la sortie d’Amazone, ne fera que retarder le père Noël dans ses livraisons des cadeaux…
Dans le quartier Saint-Cyprien, le commerce de proximité contribue à cette vie de village paisible qui fait la fierté et le bien-être des habitants, et contre vent lacrymogène et marée humaine, espérons que cela continue ainsi.
Texte : Frédéric Delrieu Photo : Frédéric Delrieu
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