Vendredi 28 au soir, aux alentours de 18h30, les manifestants regroupés en masse sur la place intérieure Saint-Cyprien commencent à faire évoluer leur cortège en direction de la rue de la République. De nombreuses pancartes ont été préparées pour l’occasion, plus créatives les unes que les autres, souvent percutantes, parfois provocantes, avec de l’humour ou ce qu’il faut de hargne… La population qui constitue ce groupe de près de 500 personnes est pacifiste, féminine mais pas que, féministe un petit peu, et l’ambiance est bon-enfant. Les messages écrits sont pour la plupart de circonstance : « mon corps, mon choix, ma décision » ou encore « un enfant si je veux, quand je veux, ou pas », parfois plus étonnants comme « Plutôt jouir que se reproduire »… Ah bon ? Si j’ai bien compris le sens de la lutte, la revendication concerne le droit de choisir si oui ou non une femme désire un enfant et le cas échéant, celui de décider quand elle souhaite l’avoir… en quoi concerne-t-il le choix entre jouir et se reproduire ? Certes, ces deux notions doivent être distinguées mais n’est-il pas dommage de les opposer puisqu’elles ne sont pas forcément incompatibles ? Car la vraie liberté, c’est aussi de ne pas choisir entre jouir et se reproduire. A sujet sérieux, réflexion tatillonne.
Le droit à l’IVG est devenu un droit pour la femme et en cette journée mondiale du droit à l’avortement, les femmes manifestent pour dénoncer une remise en question répétée et systématique de ce droit, instrumentalisé par les mouvements politiques souvent extrémistes. On le sait à présent, il y a des sujets clés qui divisent, et qu’il est bon de remettre sur le tapis pour renforcer les oppositions et diviser l’opinion. Ainsi, l’IVG, la peine de mort, le mariage pour tous, qui sont des sujets sensés être actés, sont étonnamment remis en question et font régulièrement l’objet de nouveaux débats… C’est donc bien de défendre un territoire qu’il s’agit, lorsqu’il faut rappeler régulièrement qu’un droit existe, qu’il n’est plus à remettre en question, et qu’il faut aller chercher ailleurs les sujets qui vont animer les débats. Parmi les pancartes on peut lire un « Can’t believe we still have to protest for this shit* » qui reflète bien le fond du problème…
Il est à noter que cet événement a été entaché par un incident – sans gravité car sans arrestation et sans blessés signalés – au cours duquel certaines manifestantes ont été gazées par les forces de l’ordre alors qu’elles cherchaient à passer le barrage (composé de véhicules de police et d’agents des forces de l’ordre) placé par la police au début du Pont-Neuf au bout de la rue de la République.
Les organisateurs de la manifestation qui souhaitaient pour leur cause, un maximum de visibilité, voulaient continuer leur défilé de l’autre côté du Pont-Neuf, mais ils se sont vu refuser par la préfecture le droit d’accéder au centre ville, et proposer en échange un trajet alternatif passant par des rues périphériques. Les forces de l’ordre étaient là pour exécuter cette décision mais les manifestants on longuement tenté de passer le barrage, d’abord par la confrontation, puis par un long sit in. L’espoir d’obtenir une contre décision des autorités n’a pas rencontré le succès, car au final, le centre ville n’aura pas vu le moindre manifestant ce vendredi là.
*Can’t believe we still have to protest for this : Je n’arrive pas à croire que nous ayons encore à manifester pour cela
Texte : FD
Photo : FD
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