Ah ! Qu’elle est belle la vie à vélo ! Les deux roues non motorisés sont partout, vélos ou trottinettes, notre beau quartier Saint-Cyprien n’est pas en reste si l’on aborde la question de la fréquentation cycliste. Un mode de déplacement très en vogue que cette bicyclette, surtout lorsque le ciel est bleu. Mais notre système routier a-t-il été conçu pour faire face à cette prolifération des vélos ?
Quand je suis à vélo, un sentiment de liberté m’envahit…
Quel bonheur de doubler ces automobilistes enfermés dans leur cages de fer, de zigzaguer entre les voitures dans les embouteillages, de passer de la route au trottoir et du trottoir à la route au gré des encombrements. A peine plus imposant qu’un piéton, je jouis des nombreux avantages qu’ont les automobilistes sans en subir les inconvénients.
Sans interdits…
Vous avez dit sens interdits ? Parlez pour vous, à bicyclette, tout est permis, car la plupart des rues à sens unique sont aujourd’hui dotées d’une piste cyclable à double sens. Et dans les rares cas où je n’ai pas le droit, comme on dit, je prends le gauche… Les stops, feux rouges et « cédez le passage » c’est pour les autres, moi je roule à vélo messieurs dames, et à vélo, même si la législation prévoit des sanctions, force est de constater que les contraventions sont rares, les autorités faisant preuve de clémence à notre égard. L’analyse qui suit n’engage que moi, mais les municipalités qui incitent à l’utilisation du vélo sont nombreuses. Actuellement, vous avez peut-être vu les campagnes d’affichage de Toulouse Métropole qui titrent « Tous à vélo ». Et nos institution qui encouragent l’usage du deux roues savent bien qu’un cycliste sur un trottoir est un cycliste à l’abri. Faut-il le rappeler, le nombre de cyclistes tués est en augmentation tout comme l’est le nombre d’usagers. Les automobilistes manquent cruellement, il est vrai, de cette « culture vélo » si chère à la Hollande ou à certains pays de Scandinavie. Mais à l’abri des voitures sur les trottoirs, certains cyclistes oublient qu’ils empruntent une voie piétonne et adoptent un comportement dangereux.
Les vélos et le code de la route
Notre code de la route remonte à 1921, et malgré ses nombreuses mises à jour, il reste aujourd’hui une réglementation pensée pour régir les rapports entre piétons et voitures. Et on ne peut que constater qu’au cœur de ce règlement, les cyclistes restent assimilés aux piétons du fait de leur vulnérabilité. Et le sujet se complique en cas d’accident. On le sait, un piéton est toujours prioritaire lorsqu’il traverse un passage piéton, même si le feu est vert. D’ailleurs, en cas de choc, le conducteur seul sera tenu pour responsable. Mais il semble que ce ne soit pas le cas si c’est un cycliste qui percute un piéton. Or, si les cyclistes sont, il est vrai plus vulnérables que les automobiles, les piétons, eux, sont vulnérables face aux cyclistes, surtout lorsque ces derniers adoptent des comportement susceptible de créer des incidents.
L’accident cycliste piéton, un phénomène en progression
L’anecdote qui suit raconte celle d’un cycliste qui était dans son bon droit. Après la descente du pont des Catalans, il dépassait les voitures bloquées dans les embouteillage sans penser qu’il y a parfois des piétons qui traversent sur les passages piétons devant les voitures arrêtées. Ce cycliste a croisé le chemin d’Isabelle B. une piétonne malchanceuse. Elle travaille dans le quartier des Teinturiers, à la limite du quartier Saint-Cyprien, et elle a fait les frais d’une rencontre inopportune avec ce cycliste lancé à toutes bombes, casqué, équipé d’un vélo de course et vêtu en mode tour de France. À heure de pointe, au pied du pont des Catalans, les voitures sont immobilisées, et bien que leur feu soit vert, pressée de regagner son poste, Isabelle choisit de traverser au milieu des voitures immobilisées en empruntant le passage piéton. « J’ai bien regardé à droite et à gauche avant de traverser, j’ai capté le regard d’une dame au volant de sa voiture rouge immobilisée avant de lui signifier que je traversais. Le vélo allait tellement vite qu’il a débouché sur moi alors que je ne l’avais pas vu quelques secondes auparavant. L’impact a été très violent, j’ai été projetée à plusieurs mètres en vol plané. La seule chose dont je me souvienne, ce sont les insultes du cycliste avant de me percuter» explique Isabelle qui a dû attendre étendue sur la chaussée, l’arrivée des pompiers, assistée par quelques passants témoins de la scène. Le cycliste s’en sort indemne, ce qui n’est pas le cas d’Isabelle. Elle souffre d’une multiple fracture du coude. L’olécrane, cet os du coude situé à l’extrémité du cubitus, a été broyé sous la violence du choc. Elle a été opérée en urgence à l’hôpital de Purpan qui, selon le personnel soignant qui l’a prise en charge, voit se multiplier les cas semblables au sien.
Trop d’insultes et d’incompréhension
Le notion de civisme est mise à mal par cette triple cohabitation et ce sentiment qui anime certains cyclistes, ce sentiment d’être prioritaires, légitimé par leur vulnérabilité au regard des automobilistes. Je suis comme de nombreux voisins à Saint-Cyprien, par alternance cycliste, piéton ou automobiliste. Et bizarrement (ou pas) quand je suis en voiture, je me fais régulièrement insulter par les cyclistes, mais quand je suis en vélo, ce sont les automobiliste qui s’y mettent. Petit exemple : Lorsque je sors de la rue Arzac pour m’engager rue de la République à bord de mon automobile, la rue de la République est à sens unique et les automobiles viennent de droite. Quand l’une d’elle a l’amabilité de me laisser passer, je dois faire attention aux vélos qui viennent de gauche sur la piste cyclable avant de m’engager. Mais pour ce faire je dois m’avancer car les voitures stationnées m’empêchent de voir si un vélo arrive. De ce fait, je n’ai d’autre choix que de couper la piste cyclable avec l’avant de ma voiture. Les vélos qui arrivent ne sont pas surpris mais juste contrariés de devoir ralentir. Rares sont ceux qui n’esquissent pas une grimace ou râlent pour les plus sympathiques, crient au scandale pour les plus vindicatifs, voire insultent sans même savoir qu’il m’est impossible de faire autrement pour les plus irrespectueux.
Quand la bêtise et l’individualisme s’en mêlent, quand l’altruisme laisse place au mépris de l’autre, un cycliste, tout respectueux qu’il soit de l’environnement ou de toutes autres idées vertueuses, est à classer dans la catégorie des chauffards…
Texte : FD
Photo : FD
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